La perte des valeurs de l’alpinisme au Mont Blanc

Le Mont-Blanc n’est pas une montagne comme les autres. En tant que toit de l’Europe, et étant donné sa position frontalière centrale en Europe de l’Ouest, il a longtemps été un symbole et un lieu emblématique de l’alpinisme. 

 

La popularité du Mont-Blanc, au-delà de ses conséquences environnementales sur le lieu, invite à se poser des questions sur la viabilité du tourisme de masse et sur la réglementation et la marchandisation de certains espaces naturels qui étaient autrefois des symboles de liberté.

L’ascension du Mont Blanc ou la marchandisation des espaces naturels

Si jadis se rendre au sommet du Mont-Blanc était un véritable exploit sportif réalisé par une poignée de passionnés très entrainés, une chose est sûre, ces temps sont aujourd’hui bien derrière nous.

 

Au fil des années, la popularité de l’ascension du Mont-Blanc n’a fait que de s’accroitre, au point de devenir aujourd’hui une activité de vacances presque comme une autre. Ainsi, on se décide à grimper le Mont-Blanc de la même manière qu’on se décide à courir le marathon de New York ou à s’arrêter de fumer : sur un coup de tête pour annoncer des bonnes résolutions pour l’année à venir.

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Le problème est pourtant évident : une montagne comme le Mont-Blanc n’est pas un espace sécurisé adapté à la venue massive de débutants sur ses pentes. Les risques d’accidents sont bien réels et le site étant situé en haute montagne complique toute intervention humaine, qu’elle soit pour secourir, ravitailler, équiper ou encore nettoyer.

 

La venue de personnes toujours moins expérimentées à qui on a vendu des packages pour un moment de challenge en pleine nature est donc une menace directe pour cette nature qu’ils sont pourtant venus chercher, comme pour leur intégrité physique.

La réduction des libertés en montagne

Les accidents sur le Mont-Blanc se ressemblent et ont souvent mauvaise presse, généralement à juste titre. Nombre d’entre eux pourraient être facilement évités avec des alpinistes plus expérimentés et moins nombreux. 

 

Les initiatives loufoques pour faire le buzz qui se soldent par l’abandon de l’équipement qui viendra nécessairement polluer le site font également les gros titres et forcent les pouvoirs publics à prendre des décisions parfois radicales.

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Autrefois, la montagne était l’espace de liberté par excellence. Mais face à l’afflux de touristes du monde entier peu éduqués à ses risques et sa préservation, les arrêtés se multiplient et peu à peu, la montagne devient réglementée et normée.

 

La réduction des libertés sur le Mont-Blanc se fait ressentir par une majorité d’alpinistes respecteuses de son environnement, alors que les problèmes sont souvent la cause d’une minorité qui ne sera sans doute que peu affectée par les arrêtés.

 

En tant que lieu de pélerinage symbolique de l’alpinisme Européen, le Mont-Blanc est donc un enjeu majeur pour l’alpinisme qui servira probablement d’exemple quant aux libertés et aux limites placées dans la discipline.

L’ascension du Mont-Blanc : bientôt réservée aux privilégiés?

Une autre menace qui pèse sur le Mont-Blanc et qui est liée à sa marchandisation et sa surfréquentation est bien sûr liée au prix des ascensions.

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La limitation des réservations en refuge, la hausse du foncier dans les zones alentours, l’interdiction du camping sauvage et les prix importants de l’équipement nécessaire pour gravir une montagne comme le Mont-Blanc sont des freins financiers importants, même pour les passionnés d’alpinisme.

 

Le Mont-Blanc sera-t-il réservé à une élite financière dans le futur pour limiter le nombre de ceux qui s’aventurent sur ses pentes ? Malheureusement cette perspective est très probable et est déjà d’actualité.